En 1953

Je m’étais inscrit aux JMF (Jeunesses Musicales de France) qui offrait aux étudiants des billets d’entrée à des prix très raisonnables et ainsi je fréquentais le Théâtre National de l’Opéra et de l’Opéra Comique de Paris.
Puis, avec un ami journaliste, Frank Deeth, dont le père avait été avant la guerre le représentant du Journal Evening New en France, j’eus le privilège d’aller au Couturières et Premières du Lido (les Bluebell Girls), Maxim’s, le Palais de Chaillot (Soirée Simca, P.Clay, R. Rocca, C. Sauvage, le Bal du Moulin Rouge en 1952, 55, 56, le Théâtre des Champs Elysées, le Ballet de la Tour Eiffel, le Grand Ballet du Marquis de Cuevas 1955, le Ballet Soviétique Moisseiev, les Marionnettes de Pekin, le Théâtre en rond, Médrano, Sarah Bernhardt, Comédie Wagram-des Champs Elysées (les Frères Jacques), Théâtre Hébertot, en 1954 la Kermesse aux Etoiles, Théâtre Edouard VII (Témoin à charge Agatha Christie), Théâtre de la Michodière (le mal d’Amour M.Achard, F. Périer, J.Lefevre, Petit Théâtre de Montmartre (Major Thomson), Aux trois Baudets, Théâtre Fontaine (l’Amour des 4 Colonels de Peter Ustinov, O. Hussenot J. Rochefort, le Gala du Monde du Silence (J.Y. Cousteau et L Malle), l’Olympia, le Théâtre de dix heures (Poiret, Serrault, Maurice Horgues…) et Mogador.

En 1956

J’avais passé le permis de conduire à 16 ans (avec émancipation pour les besoins de l’activité au Garage) et disposant de voiture Simca Aronde, bien entendu, j’avais le privilège d’aller chercher les futures Vedettes ou confirmées de l’époque que Frank présentait au Ciné-Club du Vésinet. Frank avait créé bien avant un Ciné-Club au Cinéma à la Gare du Vésinet (aujourd’hui un supermarché).
Parmi les fidèles se trouvaient, Julien Carette, Jean-Claude Pascal, Colette Ripert, Henri Vidal, Michèle Morgan et Jean Marais. Frank était très sensible au destin des animaux mal-traités et abandonnés. La Police les lui signalait et il les récupérait. Il avait créé un réseau de Vétérinaires dont Payencé parmi d’autres pour qu’ils leurs apportent les soins nécessaires. J’apportais ma petite contribution à cette noble cause en transportant tous ses éclopés d’un Vétérinaire à un autre ou auprès d’un nouveau maître. C’était l’époque où Grégory Pecq venait chercher son Aronde, Philippe Bouvard son journal chez Madame Duez au rond-point du Pecq et Utrillo voulait acheter une Aronde à mon père en la payant avec des tableaux !

Un peu plus tard, j’achetais également des véhicules militaires, notamment des VW Kubel Wagen, chenillettes NSU, moto BMW sans et avec side-car de l’armée allemande, Gnone-Rhône, une Mercedes 320 A (cabriolet) et deux Horch 853 A. J’achetais aussi le Citroën P 45 à gazogène jaune poursuivi par les Allemands à moto dans le film la Grande Vadrouille, les Sœurs déversant les citrouilles sur la route pour les stopper et quelques autres voitures, péniblement acquises, Peugeot Darl’Mat, Bugatti 40, 44, 49 et 57, Delahaye… (souvent complètes, mais rarement en état de marche). Je remplissais comme cela le local du Pecq de mon père et j’étais bientôt prié, comme ferrailleur, de débarrasser les lieux.

Un ami Régisseur de la TV me demandait souvent des accessoires et des véhicules. C’est ainsi, qu’en 1962, j’achetais un authentique Taxi Renault de la G7, rouge et noir avec son compteur et la place de droite pour les bagages qui transporta Jean Richard, Commissaire de Police Maigret sur les quais de la Seine à Paris. Une Lorraine de Dietrich, magnifique cabriolet carrossé par Villard à Courbevoie, transporta Annie Girardot, Daniel Gélin, Bernard Blier et Villeret dans  la Bonne soupe de R. Thomas. Je me souviens aussi du tournage du Fürer en Folie dans le fort militaire près de Saint-Denis avec la Horh 853 A.

1953 Cadours

Yves Giraud Cabantous est apparemment choqué de son accident à 180 km/h.

1955 – Les 24 heures du Mans

Cette année, l’ACO avait laissé à disposition du Club des anciens Pilotes des 24 Heures du Mans, comme de coutume, un bureau au-dessus des stands de ravitaillement mais aussi un terrain assez vaste situé en face, juste avant les Tribunes. Une grande tente vert kaki de l’armée était à disposition. Un passage piéton souterrain protégé à son entrée de deux murs assez hauts avait été construit pour aller des Tribunes aux Stands. L’emplacement était excellent car à gauche nous voyions jusqu’à la passerelle Dunlop et à droite l’arrivée des voitures au loin selon une très longue courbe. Installé avant le départ derrière les fascines, mon père me dit, tu vois ici nous sommes bien placé… Deux heures plus tard, Levegh arrivant très vite, gêné par plusieurs voitures devant les stands qui l’empêchaient de passer prit appui contre les fascines, vola devant nous et mon père reçut des pierres sur la tête. J’ai toujours cru qu’elle fût stoppée sur le muret, les éléments mécaniques projetés devant les tribunes et les spectateurs. Qu’elle retomba au-dessus des fascines en se consumant dans un crépitement d’étincelles dû à l’alliage de magnésium. A minuit Monsieur Neubauer, avait fait fermer les stands de ravitaillement et les voitures de l’Ecurie étaient arrêtées prêtes à partir, dont celle de Fangio et Moss sur les camions.

1973 Les 500 Miles d’Indianapolis

Auguste Veuillet (Toto), devint Concessionnaire Porsche dès l’après-guerre. En 1973, il proposait à sa clientèle une virée aux USA, chez René Dreyfus à New York à son Restaurant, le Chanteclerc puis, dans l’Indiana aux 500 Miles d’Indianapolis. A cette occasion, Monsieur Ulmann, Maître des lieux, avait souhaité que vienne René Thomas, l’un des deux vainqueurs Français d’Indianapolis sur une Delage en 1913. Alors âgé de 78 ans, René Thomas accepta avec beaucoup d’empressement à la condition que ce soit son ami Clément Martin, qu’il appréciait pour sa carrière de pilote indépendant depuis 1920, qui lui serve de Nounou, sans quoi, non !. Ce problème fut réglé par l’acceptation de mon père et il m’emmena par la même occasion. Nous fûmes reçus par Monsieur Ulmann comme des Rois à l’Hôtel Restaurant au centre de la piste et du Musée. Le fils du vainqueur en 1922, de Paolo ayant lui-même été second en 1926, pilotait la Delage 1913 du même modèle de celle de René Thomas de 1913. A 150 km/h, René Thomas tenait avec fierté un grand drapeau Français qui claquait au vent, la Marseillaise en fond, devant la foule en délire qui applaudissait. Ce fût à cette occasion que mon père me présenta Madame Carrociola, épouse de Rudolph.