1889

Nous avons une photographie de mon Grand-Oncle Augusto Martin devant l’entrée d’une mine d’Or près de Sestrières (en vis-à-vis du Mont Genèvre). C’est très certainement en achetant une mine en fin de filon qu’il en a trouvé assez pour construire une belle propriété. Autrement, nous pouvons imaginer qu’il est allé en chercher en Amérique ou en Australie au moment de la ruée vers l’Or. Elle se situe au Piémont, (zone Franche à l’époque) dans la montagne bordant le Val Chisone sur la route de Turin à proximité de Péroze Argentina. Cette petite ville abrite la fabrique de roulements à billes RIV, première activité d’Agnelli, fondateur de Fiat au début de siècle.

Le Château d’Ailly

Mon grand-oncle était Métayer au Château d’Ailly (prèsde Roanne). Mon père, l’aîné de 7 frères et sœurs les préparaient pour aller à l’école. Mais au paravent, ils devaient présenter les civilités à Madame la baronne. A en juger par la taille du Colombier près du château sur la photo, les terres et les fermes devaient être assez importantes. Le malheur s’abattit sur cette famille, après avoir perdu son mari, l’un de ses enfants se tua en tombant de bicyclette sur une pierre et l’autre succomba à la suite d’une banale blessure mal soignée qui s’infecta (les anti-biotiques n’existaient pas encore).

1904

Portrait du Grand-père Auguste Martin posant devant l’un de ses avions modèle réduit la Slita  qu’il construisit et présenta en 1904 à Bagatelle. Le dimanche il descendait la rue de l’Oasis à Puteaux. Dans cette rue près de la Défense étaient construites les Automobiles Prunelles. Au-dessous, vers la Seine se trouvaient d’innombrables Usines fabricants d’automobiles : de Dion Bouton, Clément Bayard, Darracq, Blériot, les avions Antoinette, les Ballons dirigeables Zodiac (actuellement les bateaux pneumatiques et caoutchoucs divers du même nom) et bien d’autres encore. Le modèle réduit d’avion était transporté dans une charrette de 4 saisons à essieu pliant afin d’en réduire la largeur et de passer dans les couloirs des immeubles. Ils allaient donc, le dimanche au Moulin de Bagatelle, devant le célèbre champ de courses hippiques actuel de Longchamp effectuer quelques essais. L’un de ces modèles réduits était équipé d’un moteur 4 cylindres en ligne F.N. Ils rencontraient à ces moments-là beaucoup d’avionneurs, des pilotes, des artistes et célébrités du moment, les constructeurs d’automobiles, de moteurs, de cycles, venus confronter leurs avis, leurs inventions et aussi faire connaissance et créer de nouvelles amitiés.

1910

Grand-père Auguste et Grand-mère Clémentine à bord de la Rochet Schneider. Il était mécanicien, réparateur, négociant de cycles, d’automobiles et accessoires avant 1900. En 1910, il avait choisi pour une année d’exercer le métier de « Grande remise », probablement à la demande d’une de ses relations, Monsieur Mallet. Nous ignorons s’il s’agissait du Ministre ou bien du Banquier. Quoiqu’il en soit, il fallait un véhicule en parfait état, un chauffeur de toute confiance, compétent et rigoureux sur les horaires, sa présentation et celle du véhicule automobile devant être parfaite. Le parcours consistait à aller le chercher à son domicile à Neuilly et l’emmener à l’Assemblée Nationale (au cas ou il s’agissait du Ministre) ou à la Banque (dans l’autre cas) et ceci 4 fois par jour. Cela ne dura qu’une année, puis il reprit un Garage.

1921

Mon Père, Clément Auguste Martin, (1902-1991), alors âgé de 19 ans, devint, à la création de la nouvelle Société du Constructeur d’automobiles Amilcar, le premier Agent  pour le secteur. Puis en parallèle, Salmson, Renault et Hotchkiss. Son premier Garage était situé avenue Foch, le second, avenue de la République, tous deux à La Garenne Colombes (banlieue de Paris). Les locaux existent toujours, le premier abrite aujourd’hui une discothèque et le second (à côté du Café de l’Horloge et de la Mairie) abrite un Supermarché. Le Café de l’Horloge était l’un des Grands Cafés de la Garenne. Malheureusement, il est devenu une banque aux couleurs des Pompes funèbres (2 tons gris souris) et ils ont aussi détruit récemment l’horloge en état de fonctionnement qui en faisait le point de rencontre. Les 2 garages se situaient à proximité des Constructeurs d’automobiles, d’aviation, de bateaux les plus prestigieux, Hispano-Suiza, Delage, BNC, Lorraine-Dietrich, Morane Saulnier, Mauve, des moteurs Anzani, Antoinette, SCAP, Ruby, des Carrossiers, Letourneur et Marchand, Kellner, Labourdette, Franay, Figoni, Saoutchic, des accessoiristes et équipementiers, Marchal, Blériot, Besnard, Solex, Barimar et Quand, Chausson, Mestre et Bladgé, Lavigne, Boyriven, Costil et bien d’autres.
Cette région regorgeait d’une quantité incroyable d’ingénieux, d’ingénieurs, d’employés hautement qualifiés, de cadres, d’apprentis, de tourneurs, fraiseurs, fondeurs et beaucoup de sous-traitants travaillant pour ces Constructeurs. Beaucoup avaient une école de formation et celui qui apprenait et parvenait, par ses aptitudes manuelles, à devenir ajusteur, motoriste, formeur, dessinateur, maquettiste, menuisier, commercial… était une personne respectée, considérée, à qui tous les crédits étaient ouverts. Les Administrateurs de Société et les Commerciaux passaient par l’avenue de la République, voyaient et admiraient les splendides carrosseriesdes CC, CGS de toutes les couleurs, rouge, jaune, noir, bleu, ivoire et les 6 cylindres devant le Garage de la République. Ils étaient séduits par la vitesse de ces petits bolides dont les lignes sportives et les hautes performances permettaient de tenir le haut du pavé, roulant en 1921 à 90, puis 115, 125 km/h voire 130 km/h en 1926.

1927

Il était également soucieux de sa publicité et avait fait une première mascotte, un logo, fixé sur le bouchon du radiateur représentant un Ours blanc polaire, assis sur ses pattes arrière. Géo-Ham, talentueux dessinateur et aquarelliste de l’automobile et de l’aviation (promu peintre officiel de l’Aviation) était présent sur tous les circuits pour croquer voitures et pilotes. Voyant cet Ours, il en dessina aussitôt un autre qu’il lui offrit. Mon père le fit couler en aluminium et il devint la mascotte de l’Equipe Martin. Il le reproduisit aussi au pochoir sur l’aile arrière de toutes les Amilcar qu’il vendait, comme en-tête, plaquettes publicitaires, sur les combinaisons, les chemises et sur les voitures de course. En décalcomanie et ensuite sur plaque en aluminium fixée sur la malle des Simca jusqu’en 1970.